L’église

Mikaël LE MAIRE
(publié le 08/03/2013)

eglise-k-s-ensoleillee2 Bâtiment incontournable présent dans chaque village, l’église est l’endroit où la population se regroupe pour les activités religieuses les plus importantes.
En ce qui concerne Kermaria-Sulard, ce lieu de culte installé depuis des siècles, à travers ses trois états différents, reflète la vie religieuse et la pensée des habitants. A noter qu’il faut parler d’église qu’à partir du moment où Kermaria-Sulard est érigé en paroisse en 1791. Avant cette date, étant qu’une simple trêve de Louannec, il faut parler de chapelle.

l-eglise-du-xviieme-siecle-vue-du-sud2La première chapelle implantée sur notre commune semble dater du XII-XIIIème siècle. C’est vraisemblablement à cette époque que l’on peut situer la légende suivante, recueillit à la fin du XIXème siècle:
« Dans les temps reculés, il n’y avait que deux ou trois chaumières pauvres et misérables à l’endroit où se trouve actuellement le bourg et le pays des alentours était couvert de bois. Le bois de Coataliou venait jusqu’à l’endroit où l’on bati maintenant l’église.
Or voici que le seigneur de Coataliou apprend un jour que son enfant de 2 ans vient d’être enlevé par un loup. Les gens du château ont fouillé toutes les broussailles mais n’ont pu retrouver celui qui faisait la joie et l’espoir de toute sa famille. Le seigneur dans sa foi tomba à genoux et promit à la Sainte Vierge de lui bâtir une chapelle s’il retrouvait son enfant. Il part à sa recherche et soudain il retrouve l’enfant sain et sauf en train de jouer avec le loup qui ne lui faisait que des caresses. Marie ayant sauvé l’enfant, le père exécuta son voeu et la chapelle fut bâtie à cet endroit même. C’est toujours là que se dresse l’église. »
Cette légende qui est par ailleurs toujours racontée par les anciens peut alors expliquer le nom de la commune, le nom de l’église « Notre-Dame de la Joie » et également l’emplacement encore actuel de l’église.


casdastre-napolonien-de-1819a Cette chapelle est réhabilitée au XVIIème siècle. Jugée ‘assez remarquable’ en 1862, nous pouvons nous en faire une bonne idée grâce au plan napoléonien de 1819 et à un tableau la représentant, accroché dans l’église. Elle était constituée d’une nef à un seul vaisseau et d’un chevet plat; avec un clocher central.

Actuellement on lui aurait trouvé beaucoup de cachet mais au XIXème siècle, un mouvement de foi a fait que bon nombre de chapelles ait été remplacé par des églises plus monumentales comme à Rospez, Camlez, Servel, Louannec et aussi Kermaria-Sulard. Le Conseil de Fabrique ( nom donné à l’organisme de gestion des biens paroissiaux avant la séparation de l’Église et de l’État en 1905 ) justifie et cherche alors des fonds pour la construction d’une nouvelle église:

Délibération du 15 octobre 1882:

1) Vu que l’église paroissiale menace ruine et tombe de vétuste
2) Vu qu’elle est tout à fait insuffisante pour la population de la commune et que la vie des fidèles se trouve menacée (…)
3) Vu qu’il y a urgente nécessité de reconstruire au plus tôt la dite église.

Considérant d’ailleurs que c’est le vœu général de tous les habitants qui ressentant le pressant besoin de cette reconstruction ont ouvert volontairement une souscription qui monte a plus de vingt mille francs (…).
Nous tous membres du Conseil de Fabrique de l’église de Kermaria-Sulard, demandons très instamment et avec une ferme confiance au gouvernement de la République si bienveillant pour les communes pauvres, un secours de vingt mille francs pour nous aider à reconstruire notre pauvre église qui ne tient plus debout. Voulant avoir quelques choses de bien modeste, mais convenable nous adoptons et approuvons à l’unanimité le nouveau projet.

Le premier devis de 1882 parle de 55 000 francs répartis entre le Conseil de Fabrique qui donne 10 000 F, la commune 5 000F, seulement 8 000 F par l’État et 20 000 F par les habitants ( pour se faire une idée du coût, le salaire moyen à cette époque est de 3F/jour. )

chapelle-en-bois-edifiee-le-temps-de-la-construction-de-leglise-en-pierre

La nouvelle église remplaçant l’ancienne, il a fallu construire un lieu de culte provisoire pour ne pas trop perturber la vie religieuse de la commune. Pour se faire, une chapelle en bois fût donc montée dans le jardin du presbytère.

l-eglise-vue-du-sud2 Ainsi le 19 juillet 1884, pu être posée et bénite la première pierre de l’église actuelle par le curé de Perros, suivit par une messe solennelle.
Sous le contrôle de l’architecte lannionnais monsieur Lageat et à la mort de ce dernier sous le contrôle du briochin Morvan, la construction avance non sans soucis d’argent ce qui entraine plusieurs problèmes: il y a des lézardes dans les murs, la qualité des portes ‘laissent à désirer’… ce manque de fond se voit également avec le clocher dépourvu de flèche, le réemploie de pierres tombales pour le dallage et l’absence ( remédié en 2012-2013 ) de vitraux dans la nef.
Aucune trace d’une bénédiction ou d’une première messe n’a été trouvée ce qui pose la question sur la date d’ouverture du lieu de culte. Une datation approximative peut être envisagée entre fin octobre 1887 où le Conseil de Fabrique relance une n-ième fois l’État pour le financement et noël 1888 où il y a eu le premier baptême.

interieur-de-l-eglise-lors-de-la-pose-d-un-vitrail L’église se présente classiquement sous une forme de croix latine comprenant d’ouest en est une nef de quatre travées avec bas-côtés, un transept et un chœur à trois pans. L’élévation se fait en deux niveaux: grandes arcades brisées surmontées de fausses baies. Le tout coiffé d’une voute sur croisée d’ogive quadripartite.

Bien que la population soit de moins en moins pratiquante et que du point de vue artistique l’église manque de charme, un tel bâtiment mérite d’être conservé comme caractérisant véritablement notre village. Sa conservation passe en partie par la vitalité du lieu portée par les activités religieuses ( messes, mariages, enterrements ) mais aussi par les manifestations profanes comme le concert lors du pardon.